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Chasseurs des Mascareignes

Ce blog souhaite faire partager les souvenirs de chasse. L'expérience de la chasse ne laisse jamais indifférent. Qu'elle soulève l'enthousiasme ou l'hostilité, elle reste INTENSE. Certainement, parce que cette expérience renvoie au plus profond de la relation mystique entre l'Homme, la Nature, la Vie et la Mort.

Jaulgonne, ma 1ere battue de sangliers!

Chers amis,

Cette année 2020 restera certainement dans les mémoires. Longtemps nous en parlerons. Le coronavirus a bouleversé nos vies et de terrible manière!

Après ces longues semaines de confinement et une reprise difficile depuis plusieurs mois pour tout le monde, je m'attèle à la mise à jour de mon blog perso avec beaucoup de retard.

En février 2020, autant dire une éternité de cela, j'étais invité chez les Fecomme pour ma première battue aux sangliers à Jaulgonne (près de Château-Thierry). Cette fois, je prends mes précautions en quittant Paris assez tôt. Toutefois, c'est l'hivers boréal (je précise boréal, car ça m'agace que dans l'hémisphère sud, on nous précise toujours "austral" au bulletin météo comme s'il en était besoin....), aussi le soleil se lève-t-il bien plus tard qu'en octobre. Je dispose donc d'une certaine marge.

L'autoroute de l'Est est un peu morne, mais on s'y fait. Je connais un peu mieux le trajet donc les choses se passent bien. Mes souvenirs d'étudiant parisien me reviennent et c'est au son du carillon d'Europe1 que je traverse les péages. Au passage, je note à quel point notre économie est basée sur les échanges, en particulier routier. Je reste impressionné par le nombre de poids lourds fonçant pour l'approvisionnement de l'industrie et de la grande distribution. Ils proviennent de toute l'Europe. L'Ile de France est un carrefour international! J'étais loin de m'imaginer à quel point quelques mois plus tard nous serions dépendant de ces approvisionnements pour survivre face au confinement...

Pour en revenir à ma chasse, cette fois, je me fie aveuglément au GPS pour la route. La veille, je dinais avec un nouveau copain de chasse, un certain Thierry, qui est par ailleurs une pointure et un expert dans son domaine. Il me conseillait qu’une fois sur les routes inconnues il ne faut pas essayer d'interférer avec ce dispositif de guidage. Selon lui, le contraire serait le meilleur moyen de se perdre, voire de se retrouver dans le décor!!! Au passage, je recommande l'excellent petit restaurant où nous avions dîné dans le 7e arrondissement, Le café Max ! c'est un trésor de délicieux plats français. Le patron est chasseur et le serveur vient de Madagascar. En un mot, on y est bien!

Je passe donc par des chemins vraiment étranges! Mais bon, j'arrive à destination et à l'heure.

Une chose me frappe immédiatement, quelle que soit la latitude l'atmosphère de l'avant-chasse est la même partout! La convivialité est de mise, tout le monde se salue. Finalement, moi le nouveau, je me sens immédiatement de la partie comme si j'avais toujours toujours été membre de cette joyeuse compagnie. Évidemment, je fais valoir mon excentricité: je suis un chasseur réunionnais qui chasse en France métropolitaine qui a fait faire connaissance à l'île Maurice avec le guide français résidant au Maroc (Thierry Fécomme)... Ça fait son petit effet! Toutefois, quelques uns sont déjà venus à Maurice et connaissent, j'vous l'donne en mille, Julien Desvaux de Marigny. Franchement, quelqu'un peut me dire pourquoi je ne suis pas surpris.... Il y a des gens de partout. La chasse est cosmopolite! Bref, l'ambiance est convivial et plus que chaleureuse. Vu le climat de février, ce n'est pas de refus.

On rigole 2 secondes, car un des chasseurs vient me voir en me disant avoir beaucoup aimé la chasse mauricienne. Il y avait chassé du " 2 ou 3 cornichons" et des "cochons noirs et marrons". Je souris et évidemment je me lance dans une explication magistrale, avec mon ton un tantinet professoral ! Je corrige en rappelant d'une part que l'appellation "3 cornichons" et son étymologie (c'est de l'ancien français où "cornichon" désigne "petite corne" et petite corne se disait à l'époque "corniche" d'où la déformation jusqu'à nos jours en "cornichon").

D'autre part, je souligne que le cochon marron est noir de poil en effet mais doit son qualificatif épithète "marron"  de la langue espagnole cimarrón  (qui veut dire vivre "libre dans les cimes", donc par analogie c'est un être captif qui a retrouvé sa liberté clandestinement comme les esclaves marrons, qui eux-aussi étaient...noirs). Bref, j'en profite pour étaler!!! La culture, c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale... Passons.

Le rituel est désormais connu, collation, formalité administrative et surtout passage des consignes de sécurité. On se regroupe et je suis toute ouïe car tout est nouveau pour moi.

La première partie de la journée, nous serons postés en ligne mais en mirador. C'est une première pour moi, car je n'ai que l'expérience des Mascareignes où le mirador est circonscrit. Chacun a son petit territoire, sa "chute". Par contre, ici la question des angles de sécurité prend tout son sens. Nous sommes sur un ligne après tout. Chez nous, la sécurité c'est plutôt un périmètre. Ça change complètement les perspectives et bien entendu la chasse. Je fais donc mes pas en équerre pour les angles, un vieux souvenir du permis de chasser. J'y plante des bouts de bois afin de les matérialiser. D'ailleurs, à ce titre je dois dire que l'organisation de Thierry est impeccable. Comme il y a plusieurs miradors de libre, on y gagne en sécurité. Pour le reste, on est vigilant rapport au quota. Les laies d'un certain poids sont interdites et on évite de tirer les laies meneuses. Le sanglier est matriarcal dans son organisation. Tuer les meneuses reviendrait à désorganiser terriblement les groupes. Donc, ça veut dire que les sangliers sans cheftaine auront tendance à faire plus de dégâts chez les agriculteurs voisins. La chasse est avant tout une école de la responsabilité.

La battue commence et on entre tous dans notre bulle. Le plus dur sera pour moi d'identifier les animaux (mâles, femelle et surtout le gabarit au poids). Pour le coup, mon peu d'expérience au cochon marron (euh, je veux dire "noir"...) me sera très utile quand même.

La matinée se déroule bien. Mon petit équipement contre le froid se révèle des plus efficaces et il n'y a pas trop de vent là où je suis posté. Un mot sur ce poste, l'Est de la France est sillonné par des pentes, nommées "cuesta". Je me trouve au creux de l'une d'entre elle. Mes lointains souvenirs d'étudiant en histoire&géo de La Sorbonne me reviennent. Ces "cuestas" sont caractéristiques de ces espaces de La France et des vignobles de la région. La Champagne n'est qu'à quelques kilomètres après tout... Revenons à la chasse. Je vois passer quelques animaux à fond de train. Impossible de savoir si c'est une laie ou un mâle. Je crois voir d'énormes barriques sur pattes qui filent comme le vent. Quoiqu'il en soit, elles ressemblent plutôt à des grosses femelles, suivies de plus jeunes sujets. Le seul sujet tirable du matin me semble un mâle qui passe à la vitesse d'un lièvre. Je ne plaisante pas! Ces montagnes de muscles sont capables de pointe de vitesse impressionnante, et ils sont endurants en plus !!!!!!! Respect.

Vers la fin de la matinée, j'entends un bruit dans les broussailles. Je m'attends à un monstre et finalement je vois un petit marcassin (enfin "petit", tout est relatif) passer entre les pieds de mon mirador. Le spectacle, pour un novice, reste magique. L'animal n'est pas farouche et cherche tranquillement son chemin. La traque a dû le séparer de sa compagnie. C'était peut-être la grosse laie qui est passée peu de temps avant. Bref, j'apprends... Le moment où surgissent les rabatteurs est un moment d'échange et de convivialité. C'est un moment universel dans les 2 hémisphères. J'en profite pour poser quelques questions. On me confirme bien que ce sont surtout de grosses laies qui ont été levées de mon côté. D'ailleurs le fait que mes voisins de ligne se soient abstenus m'avait mis la puce à l'oreille. La prudence évite les désillusions...

La fin de la battue à midi est sonnée. A ce moment, je réalise qu'il faudra remonter la (raide) pente de la cuesta. Quand je pense que sur les cartes de géographie le dénivelé ne représentait que quelques millimètres. Je monte chargé comme un baudet (fusil, sac à dos, siège de battue et mon corps emmitouflé comme le bibendum Michelin). Évidemment, presqu'au sommet, dans la terre glaise et d’argile humide je m'étale de tout mon long. J'éclate de rire tout comme mes compagnons de battue. Mon premier réflexe consiste à vérifier mon arme. L'optique est intacte mais par contre le canon est obstrué par de la terre. Je me rappelle qu'au cours du permis de chasser on nous avait mis en garde contre ce danger. Le canon peut exploser.

Au casse-croûte (au plateau de la fameuse "cuesta"), on reprend des forces bien méritées. Je rapporte ma chute à Thierry et je lui montre l'arme. Il me confirme que l'optique est ok. Quant au canon, il me dit qu'en effet la prudence est de mise. Ceci dit, en habitué de la brousse africaine il sait se débrouiller. En 2 temps-3 mouvements, il nettoie le canon proprement et on est reparti "comme en 14".

Pour l'après-midi, il est prévu de se déplacer en plaine dans des passages de bois&forêts. On se déplace dans des ornières et des chemins détrempés pour se mettre en place. La ligne installée, une fois encore je réalise l'extrême importance des consignes de sécurité, en particulier celle des angles de 30°. Dans ce cas, la respecter est impérative! Par contre, la vivre concrètement permet de la faire comprendre sans ambiguïté. En outre, le gilet fluo devient également évident. C'est un peu comme la chasse aux lièvres dans les cannes où cette couleur s'est imposée. D'ailleurs, je dois dire qu'en terme de sécurité, l'organisation de Thierry est  parfaite comme on pouvait s'y attendre.

Dans les bois j'entr'aperçois des chevrettes (femelles de chevreuil) passer dans la pénombre. Une laie imposante traverse chez mes voisins de ligne. Tout d'un coup, un buisson bouge. Manifestement, un sanglier s'y trouve. Mon voisin est très attentif. Je l'imite. On est figé mais l'animal nous a senti. Il ne sort pas de son buisson. Au bout d'un 1/4h, l'animal sort de son abri de ronces et feuillus mais...en faisant demi-tour en forêt. Il est resté dans le périmètre interdit de tir! Au même moment, une laie et deux jeunes sortent en courant. Cette fois, j'identifie les animaux et ils ne sont pas au quota. Bref, je me rappelle cette devise: "ne pas tirer est aussi un acte de chasse". Pour ma part, je crois voir un petit marcassin avant de réaliser qu'il s'agit...d'un lièvre!!!! Comparé à notre "lepus negricollis" des Mascareignes, c'est une géant!!! Évidemment, je savais tout cela en théorie, mais une fois encore le constater de visu rend les choses bien plus claires. La chasse, c'est vivre un territoire et ses gibiers avant tout !

L'heure avance et la chasse tire sur sa fin. La journée fut riche d'enseignements. Certes, je n'ai pas été en occasion de tir mais j'ai énormément appris. C'est une première fois: nouveau mode de chasse, nouveau territoire, nouveau pays et nouveaux animaux. Tout est à découvrir pour moi. Sur la ligne, il n'y pas eu de tirs par ailleurs, ce qui est à noter. Incontestablement, c'est giboyeux mais la responsabilité de tous est le point le plus agréable de cette journée de chasse.

A l'après-chasse, on fait le point. On profite du tableau qui est tout fait respectable. Le repas d'après-chasse est copieux mais je ne peux l'honorer longuement. Je fais un petit discours (si, si c'est vrai je n'ai pas été bavard) où je remercie toute la compagnie . Il me faut rentrer sur Paris pour prendre l'avion le lendemain.

On se promet, plein d'espoir, de se revoir rapidement à mon prochain passage en France métropolitaine. A ce moment, je suis persuadé que ce sera pour bientôt...

Quelques semaines plus tard, le monde devait sombrer dans une pandémie planétaire dont on n'entrevoit toujours pas le bout ! Qui l'eût dit ???????

Quelle leçon! Aussi, saisissons chaque jour le peu de bonheur que la vie nous offre.

Salut à vous tous les amis! Il y a toujours un lendemain et l'espoir doit demeurer!

Canabady Gérard

Ze Blogmaster

 

Jaulgonne, ma 1ere battue de sangliers!
Jaulgonne, ma 1ere battue de sangliers!
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