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Chasseurs des Mascareignes

Ce blog souhaite faire partager les souvenirs de chasse. L'expérience de la chasse ne laisse jamais indifférent. Qu'elle soulève l'enthousiasme ou l'hostilité, elle reste INTENSE. Certainement, parce que cette expérience renvoie au plus profond de la relation mystique entre l'Homme, la Nature, la Vie et la Mort.

De l’Isle de France à l’Ile de France (Première Partie)

 

 

Il est des jours où je m’interroge si la bonne vieille Compagnie des Indes a vraiment disparu, tant on est parfois amené à enjamber à franchir le temps comme l'espace.. Il y a quelques temps, j’ai eu le plaisir de participer lors de cette saison à des approches et battues mauriciennes, en compagnie de Julien Desvaux de Marigny, habituel comparse et acolyte de mes aventures cynégétiques locales. Comme l’on dit dans la langue de Shakespeare, « we are partners in crime ». Je ne me doutais pas où cela allait me mener.

De la Baie du Cap à Yémen, en passant évidemment par Grande Rivière Noire, j’ai pu faire croiser à quelques cochons marrons, daguets, jeunes biches et autres « trois-cornichons » la trajectoire de mes balles de .243win ou .270win d’emprunt. Sans être époustouflant, mon petit tableau n’en est pas moins agréable. C’est l’essentiel. 

D’ailleurs, à l’une de mes approches au « cochon », Julien m’apprend que le fruit de ma chasse sera destiné à un « fancy fair » (oh, sorry une kermesse...) de la paroisse de Saint-Augustin. Il est toujours bon de rappeler que la chasse est synonyme de générosité. Dans la relation humaine, offrir est plus agréable que de recevoir. Toutefois, l’animal est rusé, méfiant et déconcertant. Il semble petit quand il est gros et va vite quand il ne fait que trottiner. Je suis toutefois déterminé à réussir cette chasse après quelques tentatives infructueuses. En fin de journée, nous nous installons à l’affût près d’une zone de passage de nos suidés tropicaux. En effet, les passages sont nombreux mais Julien attend un animal « correct ». Évidemment, l’heure avance. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus stimulants de ce type de chasse, à savoir apprendre à gérer son sang-froid avec la pression. Au moment où la luminosité est au plus bas, nous repérons un mâle d’un gabarit moyen. Le guide considère que l’animal est « correct » et me demande de viser la tête. Il ne me laisse même pas le temps d’émettre un doute, et m’encourage fermement (j’insiste sur ce qualificatif de « fermement »). Intérieurement, je me dis qu’avec cette luminosité il faudrait déjà que je sois capable de distinguer le devant du derrière du cochon !!!! Peu importe si Julien le dit, il n’y a pas à tergiverser c’est faisable... Il est vrai qu’à ce moment une optique aussi puissante que la Swarovski Z6i fait la différence. Le bon ouvrier a de bons outils...

Bref, le cochon ne m’attend pas et continue d’avancer pour fouiller le sol à la recherche de nourriture. Avec la nuit tombante, je distingue à peine sa hure mais il faut bien se décider. Le coup part et résonne sur les remparts de la montagne. Les autres cochons ne demandent pas leur reste et s’envolent (si, si ça vole les cochons avec la peur). Julien me confirme que notre « cochonou » s’est effondré. Les enfants de la paroisse ne resteront pas le ventre vide. Il paraît que c’est succulent le cochon marron grillé. Il faudra que j’essaye un de ces jours. Quant à moi, je suis si heureux que ma fatigue s’est envolée d’un coup. Je demande alors à Julien si le lendemain de matin je peux faire une approche cette fois pour un cerf. Il est partant.

Le lendemain au petit matin, nous remettons cela. Je suis un peu plus familier avec Bambi et le jour naissant rend la chasse moins difficile. C’était sans compter avec le guide. Il s’est mis en tête de me faire progresser !! On avance tranquillement et on tombe sur une famille de cochons en train de prendre son petit déjeuner dans les broussailles. Pendant un bon quart d’heure, on se fixe et on reste aux aguets. Peine perdue, il s’agit de truies et de leurs petits. Le moment n’en est pas moins fort en émotion et instructif en technique... On continue à marcher à travers bois. Nous butons sur un beau troupeau de cerfs. Cette fois, l’enjeu consiste à identifier les animaux tout en progressant jusqu’à la lisière du bois. Ensuite, c’est la plaine sans endroit où se dissimuler. Cette fois, le tir sera assez lointain avec  un troupeau qui se met en marche. Au bout de quelques instants, où le temps me semble en suspens, les animaux se succèdent. Je dois apprendre à choisir l’animal et l’abandonner si le tir n’est pas sûr pour en choisir un autre. Le calme fait la différence, mais il est vrai que j’ai un bon précepteur... Peu à peu un daguet se distingue. Cette fois, point d’hésitation superflue la croix est bien placée et l’animal en léger mouvement. A son premier arrêt, la balle part et le tue net. Julien me félicite tout comme je le remercie de me permettre cette expérience et de me faire progresser.

Je ne savais pas à quel point cet enseignement allait m’être précieux sous d’autres latitudes

Car l’aventure ne s’arrête pas là...

 

De l’Isle de France à l’Ile de France (Première Partie)
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